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dans cette union même, toute d’études et de prière, la force de résister aux entraînements d’un milieu rempli de séductions, d’autres jeunes chrétiens, moins fermes et moins aguerris contre le mal, voyaient leur foi sombrer.

De ce nombre se trouvait un membre de la famille impériale, Julien, cousin de Constance, et frère du César Gallus. Il était venu à Athènes avec une foi déjà chancelante : l’histoire dit qu’il en repartit foncièrement païen Et c’est ce lettré épris de paganisme, cet admirateur des mystères d’Eleusis, traître à ses bienfaiteurs , à sa foi et à son Dieu, qui devait bientôt, justifiant le stigmate d’apostasie attaché à son nom, entreprendre d’asservir à sa volonté sectaire l’enseignement public, surtout l’enseignement secondaire et supérieur, pour en faire une machine de guerre politico-religieuse, un instrument de haine, de domination et de tyrannie.

Dans cet acte de Julien l’Apostat, devançant de quinze siècles nos centralisateurs modernes, apparaît la première tentative, depuis l’ère chrétienne, d’un monopole d’Etat en matière d’éducation. Constance venait de mourir : Julien lui succédait. A peine monté sur le trône impérial, le nouvel Auguste n’eut rien de plus pressé que de travailler à réaliser un rêve chèrement caressé dès ses premières années de défection religieuse : rouvrir partout les temples païens et faire remonter les dieux d’Homère sur le piédestal d’où Constantin et ses fils les avaient contraints à descendre. Et pour que ces divinités reprissent dans le monde le prestige dont elles avaient joui pendant si longtemps, ce n’était pas assez de leur ouvrir toutes grandes les portes de la liberté : il fallait encore fermer ces mêmes portes au Dieu des chrétiens ; il fallait ruiner le christianisme dans ses moyens d’influence, dans son action, dans sa vie sociale ; il fallait tarir pour lui les sources

1 — Paul Allard, Julien l’Apostat, t. I, pp. 329-332 (2e éd.). 2 — Lorsqu’il n’était qu’enfant, des prêtres chrétiens lui sauvèrent la vie. (Ibid., pp. 263-64).