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diants chrétiens, mais l’élite de la société païenne, des philosophes en renom, de grandes dames, les plus hauts représentants de l’aristocratie On sentait qu’une force inconnue jusque là s’emparait de la société, qu’elle en pénétrait toutes les parties, toutes les classes, tous les organismes ; que le monde intellectuel subissait une vaste crise dont il était impossible de prévoir l’issue.

Ces progrès étonnants du christianisme et cotte influence croissante des idées chrétiennes eurent pour effet d’émouvoir Rome païenne et ne contribuèrent pas peu à provoquer les violents édits promulgués, au cours du troisième siècle, contre les chrétiens, et qui furent comme les derniers spasmes d’une religion expirante. Justin avait été martyrisé ; Clément et Origène durent à leur tour prendre le chemin de l’exil ou de la prison. Mais le haut enseignement catholique était fondé, il florissait et portait ses fruits. Le jour n’était pas loin où, par la reconnaissance officielle du catholicisme, cet enseignement allait prendre un nouvel essor. L’édit de Constantin, en donnant à l’Eglise l’existence légale et en lui reconnaissant tous les droits corporatifs nécessaires à sa vie, lui conférait par là même la faculté de posséder au grand jour, de construire en toute sécurité, et d’administrer à sa guise des maisons d’éducation. Cette liberté fut largement mise à profit dans toutes les parties de l’Empire. Quelques années après, au

1 — « Il serait, écrit M. Paul Allard, intéressant de savoir si les maîtres chrétiens professaient dans des écoles subventionnées par l’Eglise et destinées exclusivement aux fidèles, ou s’ils donnaient des leçons aux étudiants de tous les cultes. Ce dernier cas se présenta certainement. Oassien, à Imola, est mis à mort, comme chrétien, par ses écoliers païens. A l’école supérieure d’Alexandrie, les cours de Clément, puis d’Origène, étaient suivis par toute l’aristocratie de la ville ; ceux d’Ammonius avaient pour auditeur le néoplatonicien Porphyre. Mais aucun texte n e nous apprend si, tout en permettant à des chrétiens de distribuer l’enseignement à tous sans distinction de religion, ce qui était un excellent moyen de propagande, l’Eglise entretenait aussi des écoles et des professeurs pour l’usage des seuls enfants des fidèles." (La persécution de Dioclétien, t. I, p. 201). Chose certaine : les écoles tenues par les chrétiens, et ouvertes même aux païens, n’étaient pas des écoles neutres, mais des foyers de prosélytisme catholique.