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et même but, l’éducation doit être nécessairement une et identique pour tous ses membres ; d’où il suit qu’elle doit être un objet de surveillance publique et non particulière, bien que ce dernier système ait généralement prévalu, et qu’aujourd’hui chacun instruise ses enfants chez soi par les méthodes et sur les objets qu’il lui plaît. Cependant ce qui est commun doit s’apprendre en commun ; et c’est une grave erreur de croire que chaque citoyen est maître de lui-même ; ils appartiennent tous à l’Etat, puisqu’ils en sont tous des éléments, et que les soins donnés aux parties doivent concorder avec les soins donné» à l’ensemble. A cet égard, on ne saurait trop louer les Lacédémoniens .» 1

L e Stagirite, qui a écrit des choses si admirables sur la manière de bien élever les enfants, se prononce ici, — et c’est son grand tort, — en faveur de l’éducation d’Etat organisée par L y c u r g u e ; quoique, ailleurs , il blâme ce dernier d’avoir orienté l’éducation t o u t entière vers la conquête et vers la guerre. 2

Interrogeons maintenant le maître et l’émule du philosophe de Stagire, le divin Platon.

D a n s son traité qui a pour titre L’Etat ou la ^République, Platon se livre aux plus hautes c o m m e aux plus justes considérations sur le gouvernement des peuples et les qualités de science et de vertu requises pour y être préposé. Il v e u t que la justice soit l’âme des sociétés. Mais cet esprit si sublime n’est pas égal à lui-même : des hauteurs de la morale sociale la plus pure, il s’abaisse tout à coup a u x théories les plus monstrueuses qu’il n’hésite pas à proposer et à défendre. C’est ainsi que, subordonnant l’union matrimoniale, non au bien des, individus et des familles, mais uniquement a u x intérêts de l’Etat, il introduit au foyer domestique une réglementation policière, et va jusqu’à préconiser la communauté des femmes. Comme Lycurgue, il con-

1 — Politique d’Aristote,

ïïilaire, 2" édition).

2 — Ibid., 1. IV, e. 13.

1. V, chap. 1 (traduction de Barthélémy Saint-