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santé et d’utilisation. Pour eux ce n’était pas une âme destinée à s’élever sur les ailes de la conscience jusqu’à son Créateur ; c’était un corps plus ou moins bien formé, plus ou moins bien organisé, appelé à servir plus ou moins utilement les intérêts de son maître. Ce n’était pas une personne apportant avec elle, en naissant, une somme proportionnelle de droits et de devoirs ; c’était une chose asservie dès le principe aux besoins et aux exigences de la puissance sociale.

Chez la plupart des nations anciennes, l’Etat tenait en mains et dirigeait lui-même immédiatement toute l’œuvre de l’éducation. Voici ce que Rollin dit des Perses : « L’éducation des enfants était regardée comme le devoir le plus important et la partie la plus essentielle du gouvernement. On ne s’en reposait pas sur l’attention des pères et des mères, qu’une aveugle et noble tendresse rend souvent incapables de ce soin : l’Etat s’en chargeait. Ils étaient élevés en commun d’une manière uniforme. Tout y était réglé : le lieu et la durée des exercices, le temps des repas, la qualité du boire et du manger, le nombre des maîtres, les différentes formes de châtiments ». En Grèce, chez les Spartiates surtout, ce système de l’éducation par l’Etat fonctionnait avec plus de rigueur encore. Les lois de Lycurgue, brisant brutalement les liens les plus sacrés de la famille, avaient fait du foyer domestique un département de l’Etat, et celui-ci y régnait en despote. « Sitôt qu’un enfant était né, les anciens de chaque tribu le visitaient, et s’ils le trouvaient bien formé, fort et vigoureux, ils ordonnaient qu’il fût nourri et lui assignaient une des neuf mille portions pour son héritage. Si, au contraire, ils le trouvaient mal fait, délicat et faible, et s’ils jugeaient qu’il n’aurait ni force, ni santé, ils le condamnaient à périr et le faisaient exposer. . . A l’âge de sept ans, on distribuait les enfants dans les classes, où ils étaient élevés tous ensemble sous la même discipline. Leur éducation n’était, à proprement 1

1 — Histoire ancienne (nouv. éd.), t. II, 1. IV, oh. ] , art. 1.