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matin de la cérémonie, il est venu à sept heures et il a voulu que je le suce pour que j’aie du foutre dans l’estomac… Maman disait que dans ces conditions-là ce n’était pas la peine de faire ma première communion ; mais il a donné cent francs et alors… Et ce n’était que le commencement. Quelle journée ! Je peux dire que c’est mon vrai début ! Tous mes amants voulaient m’avoir sous ma robe de communiante et ils voulaient tous m’enculer ! Il en est venu douze, vois-tu ça ? Ce jour-là, nous n’avons dîné qu’à neuf heures du soir. J’avais été enculée cinq fois ! cinq fois ! et j’avais sucé quatre hommes ! et les trois autres avaient déchargé je ne sais pas comment, mais ma belle robe blanche était pleine de foutre comme la jupe d’une pierreuse. Ah ! je m’en souviendrai de ma première communion ! »

Charlotte hocha la tête avec un sourire consolé. Sa tristesse avait disparu. Elle parlait avec entrain et, comme les jeunes filles qui ne savent pas conter, elle gâta l’effet suivant en essayant de le préparer, mais cela ne fit que souligner l’ingénuité de son récit.

« Tu ne t’attends guère à ce que je vais te dire, maintenant, mais vraiment j’ai tout vu dans ma putain de vie ! Un an plus tard, je me suis fait foutre de moi par cinq gamines parce que j’étais pucelle ! »

J’avoue en effet qu’au point où nous en sommes du récit de Charlotte, si j’attendais un coup de théâtre, ce n’était pas celui-là.

« Je t’ai promis, dit-elle, l’Histoire de tous les poils de mon cul. Elle ne fait que commencer.