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« Tu vois bien que je suis comme les autres. » Elle était délicieuse. Moins beurre de peau que sa mère, mais aussi noire de poils et de cheveux, elle avait des formes du plus doux contour, et tout en elle était douceur : le regard, la voix, la peau, la caresse.

Quand elle fut sur mon lit et entre mes bras elle murmura presque humblement :

« Je voudrais te faire plaisir… Tu n’as qu’à demander, je ferai ce que tu voudras et comme tu voudras. »

Cette fois, une furieuse envie me saisit de posséder cette jolie fille par la voie la plus naturelle. Je lui dis que je l’aimais, que je voulais son plaisir d’abord et le geste que je fis lui laissa comprendre comment je l’entendais.

Mais Charlotte leva les sourcils et avec une grande innocence :

« Baiser ? dit-elle. Oh ! si tu veux ! Mais si c’est pour mon plaisir… non ! Moi, tu sais, je ne suis pas une fille compliquée, je n’aime qu’une chose.

— Quoi ?

— Quand je baise, la peur que j’ai d’être enceinte me coupe toute envie de jouir. Je n’aime pas baiser. Je n’aime pas non plus qu’on me fasse minette, parce que ça m’éreinte. Maman adore ça, je le lui fais et je ne veux pas qu’elle me le rende.

— Alors, quand tu veux jouir, comment jouis-tu ?

— Je fais comme une jeune fille du monde : je me branle », dit Charlotte avec un triste sourire.