Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45

première chose dont tu me parles, je suis sûr que c’est pour mon plaisir.

— Oui, fit-elle, un peu confuse.

— Et pour toi ? Qu’est-ce que tu voudrais ?

— Vous sucer. »

Le mot était dit. Elle me serra les bras autour du cou et se répéta dix fois, sur le ton rieur et chantant d’une enfant qui demande une gâterie :

« J’ai envie de vous sucer la queue, la pine, la bite, le zeb, l’andouille. Envie que vous bandiez dans ma bouche. Envie de vous téter.

— Comment, tu tètes encore, à ton âge ?

— Pas beaucoup de lait mais beaucoup de foutre.

— C’est bon ?

— C’est bon quand on s’aime.

— Pour combien en voulez-vous, mademoiselle ? pour un sou ? deux sous ? trois sous ?

— Je veux tout ce qu’il y a dans la boutique !… Et je paie d’avance, monsieur, avec mes deux trous.

— Quoi ?

— C’est pas une blague.

— Non. Je vous fais crédit, mademoiselle, on vous débitera. Mettez-vous à table. »

Lili avait encore de petites choses à me dire. Toujours les deux bras autour de mon cou, elle soupira :

« C’est que… Écoutez. J’ai promis à maman : vous ne jouirez qu’une fois ; il faut en laisser pour Charlotte cette nuit… Alors on pourrait faire plusieurs choses en une fois. On pourrait même tout faire.