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d’écuyère pour tenir ses deux promesses, tête-bêche sur mon corps étendu.

Ce qu’elle déploya sur mes yeux me parut extraordinaire. Toutes les parties en étaient anormales : un clitoris protubérant ; de vastes lèvres minces, délicates, noires et rouges comme des pétales d’orchidée ; une gorge vaginale redevenue étroite, qui donnait par contraste aux lèvres une proportion monstrueuse ; un étrange anus en cocarde, largement teinté de bistre sur un fond pourpre ; mais, autour de ces détails, les singularités les plus invraisemblables étaient celles des poils. Je crois que jamais une femme aussi velue de noir n’avait couché dans mon lit. Ses poils envahissaient tout : le ventre, les cuisses, les aines ; ils croissaient entre les fesses ; ils obscurcissaient la croupe ; ils montaient jusqu’à…

Tout à coup, je ne vis plus rien. La langue de Teresa m’avait touché la peau. Mes muscles piqués se crispèrent. La langue erra, tourna, passa par-dessous… Je frémissais. Cela ne dura qu’un instant d’angoisse. Teresa releva la tête et, sautant du lit :

« Assez pour ce soir ! dit-elle.

— Tu as juré de me rendre enragé ? Tu vas me laisser dans un pareil état ?

— C’est pour Lili. Je cours la chercher. Fais-lui croire que tu bandes pour elle. Et demain, toi et moi… toute la nuit, tu m’entends ? »

Rien ne me déplaît davantage que les substitutions d’amantes. Désirer une femme, en posséder une autre, cela m’est odieux. Quand Teresa eut disparu, je décidai que Mlle Lili se