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« Tu fais du théâtre ? lui dis-je.

— Plus maintenant, j’en ai fait. Comment le sais-tu ? Par Mauricette ?

— Non. Mais cela se voit. Cela s’entend. Où as-tu joué ? »

Sans répondre, elle se coucha près de moi, sur le ventre. Je repris ironiquement :

« Tu me le diras demain.

— Oui.

— Reste avec moi jusque-là.

— Jusqu’à demain matin ? Tu veux ? »

Comme elle souriait, je la crus sur le point d’accepter. J’étais encore un peu las mais elle m’inspirait presque autant de désir que si j’avais été dispos. Elle se laissa étreindre et me dit :

« Qu’est-ce que tu veux de moi jusqu’à demain matin ?

— D’abord te faire jouir.

— Ce n’est pas difficile.

— Ne me dis pas ça, tu m’exaspères. Pourquoi t’es-tu retenue ?

— Parce que mon « petit travail » aurait été mal soigné. Allons ! Qu’est-ce que tu veux encore ?

— Tout le reste.

— Combien de fois ?

— Oh ! je crois qu’avec toi je ne compterais guère. Ce ne serait « pas difficile » non plus. »

Teresa fixa sur moi un de ces longs regards silencieux à travers lesquels j’avais tant de peine à distinguer sa pensée. Et cette femme qui ne voulait répondre à aucune de mes questions me fit soudain la confidence la plus imprévue,