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gramme » de Mauricette ? Elle éclata. Elle cria, dès le premier mot :

« La salope ! elle se branle encore !

— Oh ! maman ! dit Charlotte. Tu baises, tu jouis ; Ricette apprend à sucer ; tu la fais jouir, tu lui fourres de la moutarde et un godmiché dans le derrière, je vois tout ça, je n’ai personne, et tu ne veux pas que je jouisse après vous ?

— Après nous ? mais tu l’avais fait avant ! Ricette a eu un godmiché dans le derrière ? toi, tu t’en es planté deux ! par les deux trous ! parce que tu n’as que deux trous ! Si tu avais cinquante trous dans le cul, il te faudrait cinquante godmichés tous les quarts d’heure, salope ! »

Charlotte cessa. Elle ne pleura point et ne répondit plus ; mais elle reposa son coude sur son genou et son front dans sa main : attitude de l’accablement.

Je souffrais plus qu’elle, oui, plus qu’elle, de ce que j’entendais ; et je compris d’un mot quand, au mouvement que je fis pour me lever, Ricette me retint des deux bras et me dit à l’oreille :

« Tais-toi donc ! ça l’excite ».

Mais j’étais debout malgré ce geste et de la main du regard, j’arrêtais la scène.

Teresa me fit taire à mon tour, sans prolonger pourtant ce que j’avais tant de peine à entendre.

« Dis-le donc, dis-le toi-même devant ta sœur qui est pucelle. Qu’est-ce que tu es ?