Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200

filles qu’on encule aiment cette posture-là. Elle se présentera donc en levrette sur la figure de sa maman et entre ses deux sœurs, émues, qui vont sangloter, se branler, s’embrasser, pousser des cris… Mais ceci n’est rien, mesdemoiselles. Nous commençons la représentation par un numéro inédit, un exercice tout nouveau que la célèbre Mauricette a répété hier et qu’elle donne au public pour la première fois.

— Sucer ? cria Lili qui battit des mains. Oh ! ça, pour Ricette, c’est plus épatant que de la dépuceler !

— Oui, mesdames, l’affiche ne ment pas. Pour la première fois la jeune sauvagesse va sucer publiquement un homme. Au lieu de le faire décharger en l’air, elle le laissera jouir dans sa bouche ; et au lieu de cracher comme vous faites (c’est très vilain, mademoiselle), la célèbre Mauricette avalera le foutre en se léchant les lèvres avec un gracieux sourire, pour avoir l’honneur de vous remercier.

— Crois-tu que c’est une fille du cirque, celle-là ! » me dit Teresa, toute fière.

Sans doute, mais c’était aussi la seule des trois qui eût appris le français dans un pensionnat avec assez de littérature pour donner à son bagou le tabarinesque.

Vivement Ricette vint me chuchoter quelques mots à l’oreille. Je lui répondis : « Si tu le veux ». Alors tout haut, spontanément, devant moi, devant ses sœurs, elle fit à la mère une sorte d’amende honorable.

« Tout à l’heure, j’ai été vache avec toi,