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Et je demeurai seul avec Mauricette.

Il y eut vingt minutes d’entracte, puis nous rentrâmes et, sans élan mais sans bouderie, la mère et la fille s’embrassèrent comme si rien ne s’était passé.

Et ainsi qu’une élève du Conservatoire saute de la tragédie à la comédie, Mauricette, aussi gaie maintenant qu’elle venait d’être furibonde, improvisa un boniment forain avec une étonnante facilité de parole :

« Madame et mesdemoiselles, voici la jeune sauvagesse annoncée à l’extérieur. Elle se présente à vous toute nue selon la mode de son pays. Rien n’est faux ni truqué : prenez l’objet en main ; les cuisses ne sont pas rembourrées ; le ventre est garanti, mesdames, en véritable peau de pucelle ; il y a un peu de crin dans les fesses, mais c’est pour l’ornement. Vous voulez tâter les nichons, mademoiselle ? tâtez, ça ne coûte rien. Tirez les poils, voyez qu’ils ne sont pas collés, ni sur le con, ni sous les bras. C’est la vraie, l’inimitable, la célèbre Mauricette dont vous avez lu le nom sur l’affiche.

« Cette jeune sauvagesse, mesdames et monsieur, a des particularités tout à fait extraordinaires. Elle fait l’amour par le trou du cul… Vous n’avez pas bien compris, mademoiselle ?… Quand elle a sur elle un homme qui bande, elle baise pas comme vous, elle se retourne avec grâce, elle prend délicatement la queue et elle se la met dans les fesses comme toutes les femmes de la famille, ce qui ne l’empêche pas de décharger mieux que vous, mademoiselle, avec moniche sans poil ! Qu’est-ce