Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180

s’était sauvée…, alors maman se branlait en serrant les dents et j’avais encore plus de peur que de mal ; je me disais : « Quand elle va décharger, elle arrachera le morceau ! »… Oh ! et puis flûte ! je t’en ai dit assez, puisque tu ne comprends pas ces choses-là.

— Pas assez, si tu veux que je comprenne. Donc, ta mère t’a enseigné l’art de jouir pendant que tu souffres et elle te l’a si bien appris que maintenant tu as besoin de souffrir pendant que tu jouis ?

— C’est ça. Tiens, je vais te dire encore quelque chose. Sais-tu comment je me branle à table ?

— Tu te branles à table ?

— Comme si tu ne savais pas que nous nous branlons toutes après le déjeuner ! Mais moi… Tu vas voir si j’aime à souffrir en jouissant !… Je me barbouille le bouton avec de la moutarde et je [me] branle à travers. Et s’il y a de la salade de piment, j’y mets de la salade de piment. »

Mais elle était enragée ! Mais c’était la pire des trois !

Je posai une dernière question : « Et qu’est-ce que tu te laisses faire par les hommes ?

— Oh ! pas ce que m’a fait maman ! Avec les hommes, rien que le fouet et les verges. »

Elle allait sourire, mais baissa les yeux et prit une expression plus triste :

« Pauvre Charlotte !… Si tu nous voyais l’une près de l’autre dans ces moments-là !… Moi, je m’excite, je tends les fesses. Elle, au premier coup de fouet, elle pleure ; alors, comme je l’aime bien, je ne peux plus… Et on ne nous