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pattes, elle baissait la tête sans baisser les yeux comme pour donner des coups de corne.

Les mots qu’elle venait de me dire et son air de volonté m’enhardissaient à la prendre. Pourtant je ne croyais pas que les choses iraient si vite.

« Comment vous appelez-vous ? dit-elle.

— X… J’ai vingt ans. Et vous ?

— Moi, Mauricette. J’ai quatorze ans et demi. Quelle heure est-il ?

— Trois heures.

— Trois heures ? répéta-t-elle en réfléchissant… Vous voulez coucher avec moi ? »

Ahuri par cette phrase que j’étais loin d’attendre, je reculai d’un pas au lieu de répondre.

« Écoutez-moi, dit-elle, en posant le doigt sur la lèvre. Jurez de parler bas, de me laisser partir à quatre heures… Jurez surtout de… Non. J’allais dire : de faire ce qui me plaira… Mais si vous n’aimez pas ça… Enfin jurez de ne pas faire ce qui ne me plaira pas.

— Je jure tout ce que vous voudrez.

— Alors je vous crois. Je reste.

— Oui ? c’est oui ? répétai-je.

— Oh ! mais il n’y a pas de quoi se taper le derrière par terre ! » fit-elle en riant.

Provocante et gaie comme une enfant, elle toucha, elle empoigna l’étoffe de mon pantalon avec ce qu’elle y sut trouver, avant de fuir au fond de la chambre où elle retira sa robe, ses bas, ses bottines… Puis, tenant sa chemise des deux mains et faisant une petite moue :