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stupéfaction que d’empressement, Ricette n’attendit même pas la réponse :

« Ah ! bien ! fit-elle. Tu es gentil !… Je t’ai montré mon pucelage avant-hier, tu peux le prendre aujourd’hui et tu n’en veux pas ? »

Je la pris sur mes genoux, elle se laissa faire et, avant que j’eusse dit un mot, elle continua :

« Quel drôle de caractère ! tu fais toujours le contraire de ce qu’on te demande ! Pendant trois heures, Charlotte t’a supplié de l’appeler putain ; ça l’excite quand elle va jouir ; et tu n’as pas voulu ; elle nous a dit qu’elle n’avait jamais vu un homme aussi entêté. Mais le lendemain c’est maman que tu as appelée dix fois putain parce qu’elle n’aime pas ça. Es-tu rosse !

— Non. Pas rosse du tout.

— Oh !… Et c’est pas fini !… Tu sais que maman et Charlotte ont le goût de se faire enculer. Alors tu leur as dit que tu n’aimais qu’une chose, c’était de baiser. Mais moi j’ai un pucelage à vendre, je te le donne…

— Tu es un amour !

— Va donc ! Quand Charlotte en veut par derrière, tu lui en demandes par devant, et moi, quand je me donne par devant, tu ne me prends pas. »

Je poussai un profond soupir. Être obligé de s’expliquer longuement et savoir d’avance qu’on ne sera pas compris est une pénible situation. Je renonçai donc aux arguments les meilleurs pour ne retenir que ceux dont Mauricette pouvait sentir la raison :

« Écoute-moi. Tu as quatorze ans et demi ?

— Oui, et je peux baiser puisqu’on m’encule.