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maman…, je te mettrai… je te mettrai la main dans le chat… et je… je…

— Oh ! petite nigaude ! fit Teresa. Tu lui prendras la queue à travers la peau du con et tu la lui branleras dans mon cul. En fais-tu des manières pour si peu de choses ! Et si je le suce ?

— Je lui ferai des langues sous les couilles et feuille de rose.

— Et si je baise ?

— Ça m’épaterait ! » dit sérieusement Lili.

Teresa eut un éclat de rire qui lui secoua les reins et le ventre.

Jusque-là, Lili avait le trac. Si libre avec sa mère et même avec moi, elle s’intimidait devant nous parce qu’elle nous voyait ensemble et qu’à nous deux nous formions un public. Le rire de sa mère la transforma comme un petit succès imprévu met des ailes à une jeune actrice. À partir de cet instant, elle eut un autre visage. Teresa, toujours prompte à lire les physionomies de ses filles, dit tout haut :

« Mademoiselle Lili, venez en scène. Qu’est-ce que c’est que ce costume-là ?

— Un costume complet de petite fille toute nue. C’est maman qui me l’a fait, comme les vers à soie, en travaillant avec son…

— Et votre cache-sexe, mademoiselle ?

— Oh ! pour ce que j’ai de sexe, madame, ça ne vaut pas la peine de le cacher ! »

Mais Lili devenait drôle quand elle prenait de l’aplomb ! Je l’interrogeai à mon tour :

« Vous voulez que je vous engage, mademoiselle ? Comme danseuse ? Cantatrice ? Acrobate ? Qu’est-ce que vous savez faire ?