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« Tu m’en as fait des queues avec Charlotte ! Elle m’a tout dit.

— Ça ne m’étonne pas d’elle ! fis-je en m’éveillant à mon tour. Elle m’a tout dit à moi aussi.

— Tout quoi ?

— Je sais comment tu manges tes biscuits.

— Mes biscuits ? Quand je lui en mets un dans le chat avant qu’elle se branle ? Et quoi encore ? »

Je me tournai vers Teresa :

« On peut lui demander comment elle est née ?

— Mais oui. Dis comment, Lili. »

Et Lili hésita pourtant. Puis, voyant que je le savais, elle se mit à rire :

« C’est Charlotte qui est mon papa. Elle m’a faite à maman avec son cul. »

Même… (et comme je n’ai jamais vu Lili jeter une gaffe, je pense que ce fut une malice) elle ajouta vite ce qu’on ne lui demandait guère :

« Dans la famille, c’est comme ça qu’on fait les gosses. Maman vient d’en faire un cette nuit à Charlotte ; mais il prendra pas : c’était dans la bouche. »

Lili ne riait point quand elle plaisantait. Devinant que je ne riais pas non plus, Teresa dit aussitôt :

« Est-ce pour avoir l’air d’un petit ange que tu gardes ta liquette, espèce de grenouille mal branlée ? Veux-tu m’enlever ça et nous montrer tout ? En voilà une tenue pour les taches de foutre ! »

Sans s’émouvoir de l’algarade, le petit ange ôta sa chemise et dit à sa maman :