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— Oui, Sire… Non, non… Je ne sais pas, balbutia la pauvre enfant.

— Donnez-moi ma robe de chambre et faites préparer mon bain. Prévenez aussi ma lectrice et l’écuyer des cuisines. Et maintenant fermez les rideaux pour que la Reine dorme le plus longtemps possible.

Puis, avec mille précautions, il mit ses pieds l’un après l’autre, et silencieusement, sur le sol. La perspective de dire adieu pour une seconde année à la redoutable Diane ne le retenait en aucune façon.

Il s’esquiva.


Peu après, couché dans une eau parfumée, il admit à six pas de sa baignoire la lectrice ordinaire qui venait chaque matin lui donner un aperçu des nouvelles télégraphiques et le résumé des principaux feuilletons. En vertu de l’article premier du code en usage à Tryphême (Tu ne nuiras pas à ton voisin) il était interdit aux journaux d’insérer les nouvelles scandaleuses ou diffamatoires. Aussi pas une feuille ne publiait-elle la fuite de la blanche Aline ; et si quelques-unes, çà et là, s’étaient permis des allusions, la lectrice eut le tact de ne pas les comprendre.