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un surnom volontiers narquois. Les femmes ont des théories très particulières sur l’esthétique de leurs rivales. Diane à la Houppe ne se fâcha point. Elle avait bon caractère. Et puis sa première conversation avec le Roi l’avait mise du soir au matin en humeur de trouver tout le palais charmant.

Hélas il n’en fut pas ainsi des douze mois qui suivirent cette unique entrevue. Pausole en vain lui exposa que s’il ne la revoyait plus, s’il fallait qu’elle entrât dans la règle commune, c’était parce qu’il avait grand’peur de devenir amoureux d’elle, catastrophe qui aurait compromis à la fois sa tranquillité d’âme et les intérêts de l’État. Diane ne comprenait pas du tout ce raisonnement. Elle ne partageait pas non plus l’indifférence de ses compagnes, lesquelles considéraient la cérémonie annuelle comme une occasion excellente d’obtenir des soies de Manille ou des pantoufles de Paris. Diane à la Houppe, tel saint Augustin au temps de sa jeunesse dispose, aimait à aimer et ne cherchait rien d’autre. Privée du roi, elle ne voulut même pas apprendre les jeux variés et traditionnels dont les autres Reines lui donnaient l’exemple à toute heure et qu’elles vantaient en sa présence ou comme suffisants ou comme incomparables, selon la tournure de leur esprit.