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nances[1]. » Ce qui est élu par la fantaisie est exécrable ; ce qui est conçu par l’autorité est judicieux. Ainsi doit s’exprimer une voix saine, stricte et droite.

— Pardon, monsieur, dit une jeune fille, pourquoi ne pas nous laisser choisir ? Moi, j’aime mieux dormir sur une natte et ma sœur sur un tapis. Si vous nous ordonnez le contraire, cela ne fera plaisir à personne et nous en serons désolées.

— Il n’importe. Vous ne savez pas quel est votre bien. L’autorité le sait pour vous et vous le donne à votre insu, malgré vous, c’est là son rôle.

— Quand personne ne la réclame ?

— L’autorité s’exerce. Elle ne défère point. Elle seule discute son droit, limite son domaine et décide son action.

— Au nom de qui ?

— Au nom des principes.

Puis, coupant court à la dispute, il se dirigea rapidement vers le hamac où restaient couchées les deux amies languissantes :

— Je vois, dit-il, par cet exemple, qu’il est urgent de légiférer, puisque mes conseils ne servent de rien. Ne vous avais-je pas signalé tout ce

  1. Lévitique, XVII, 5.