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gent paraît-il… Ah ! si vous aviez vu ma joie quand je l’ai aperçue… N’est-ce pas qu’il y a des hasards providentiels et que nous étions prédestinées à nous retrouver un jour, peut-être pour longtemps ?

— Ce n’est pas douteux, dit Giguelillot qui entrevit des machiavélismes.

— Vous savez que j’en suis folle ? reprit Galatée. Je comprends maintenant tout ce que j’ai vu par ma fenêtre, au bout de ma lorgnette qui tremblait… Nous sommes restées seules une demi-heure dans un salon d’attente… Je crois bien qu’elle en aime une autre et néanmoins elle m’a aimée… pour se purifier, disait-elle, de ce qu’elle allait faire dans l’horrible endroit où je suis encore. Quand je pense qu’elle va revenir dans une demi-heure et que peut-être nous ne nous reverrons pas…

— Vous vous reverrez, dit Giguelillot, ce soir même, et pour longtemps.

— Je le lui ai demandé. Elle ne veut pas.

— Elle voudra… Croyez-moi aujourd’hui puisque vous regrettez de ne m’avoir pas cru avant-hier… Venez ici écrire une lettre. Demandez ce qu’il faut pour cela.

Un esclave en bonnet apporta un buvard.

— Vous allez, dit Giguelillot, écrire à la jeune