Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’enlèvement, car ils portent la robe et le costume de la Princesse et de l’Inconnu.

— Ils avouent ?

— Ils nient ; c’est précisément ce qui les condamne. Le vrai coupable se reconnaît à un signe frappant : il commence toujours par déclarer qu’il est innocent. Sitôt cette déclaration reçue, la police donne l’ordre d’écrou. Il y a là plus qu’une présomption, à mon sens : presque une certitude. J’ajouterai même qu’à défaut d’autres preuves, je me contenterais de celle-là pour condamner.

— Faites comparaître, dit Pausole.

Et l’on vit arriver, se tenant par la main, une jeune campagnarde et son frère, larmoyants et livides de peur.


Ils expliquèrent en bégayant qu’ils avaient trouvé cette belle robe et ces beaux habits dans la cour de leur cabane ; que, comme c’était le jour de la Pentecôte, ils avaient pensé que la Sainte Vierge leur envoyait ces atours de fête pour les récompenser d’avoir beaucoup peiné pendant l’année précédente ; qu’ils avaient vu là un miracle, c’est-à-dire quelque chose de bien naturel, et que s’ils s’étaient doutés de ce qui les attendait au milieu de la route, ils auraient plutôt jeté les vêtements