Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nées, vous avez beaucoup pleuré quand vous avez eu quinze ans, seize, dix-sept et ainsi de suite ; vous lisiez des romans très chauds où des personnes de votre âge, parfois même un peu plus jeunes, passaient des nuits échevelées avec des amants plus que parfaits ; votre jumelle vous a prouvé que ces romans-là n’étaient pas des fables, et quand vous vous êtes comparée aux personnes qui vous font envie, vous avez reconnu à des signes certains que vous pourriez faire comme elles le bonheur de plusieurs messieurs qui pourraient aussi faire le vôtre.

— Ouf ! dit Galatée. J’aime mieux ne pas avoir dit tout cela. Ne me regardez pas ainsi. Vous me gênez beaucoup.

— En lisant ma lettre, continua Giglio, vous n’avez pas cru un instant que je vous aimais, ou plutôt vous avez espéré que je ne vous aimais pas…

— « Espéré » est très bien. C’est tout à fait cela.

— … Et comme vous m’aviez vu à l’œuvre dans mon rôle de costumier, vous avez compté sur moi pour vous aider à sortir, en travesti, avec toutes les ressources de mon beau talent. Car si aucun gendarme ne vous retient prisonnière, vous ne voudriez pas cependant vous en aller avec éclat. Vous aimez