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trois à quatre heures du matin, j’ai surpris un de leurs réveils. Quand je me suis recouchée moi-même, je ne me suis pas rendormie…

Elle se passa la main sur le front.

— Je vous en ai beaucoup voulu de troubler leurs secrets et de les faire partir. Mais votre déguisement, le leur, et le soin que vous avez pris de jeter leurs vêtements par la fenêtre prouvent qu’elles étaient en faute et que vous êtes leur complice.

— C’est exact.

— Vous l’avouez ?

— Tout de suite ; je n’hésite pas.

— Vous ne me craignez donc guère ?

— En effet.

— Et pourquoi ?

— D’abord, parce que vous avez l’âme beaucoup moins vilaine que vous ne le croyez. Ensuite, parce que, moi aussi, je suis armé. Ah ! Ah ! Brrr !… J’ai la foudre à la main !

— Voulez-vous me la montrer ?

— Voici : M. Lebirbe, votre vénérable père, mademoiselle, avait étendu en travers de votre seuil une jeune esclave sans défense, afin, sans doute, que s’il se présentait un féroce séducteur, la pauvre fille lui servit de proie et s’offrît