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Ils entrèrent. Elle se retourna vers lui :

— Vous êtes amoureux de moi ? Comment cela se fait-il ?

Giguelillot n’eut pas le courage de jouer son rôle ordinaire, d’ailleurs parfaitement inutile cette fois. Il prit sous les bras la petite Philis, rouge et riante de plaisir, il lui mit un baiser dans l’œil et un autre au coin de la bouche, mais vivement et en camarade.

— Vous êtes très gentille, lui dit-il.

— C’est vrai ?

— Mais oui.

— Qu’est-ce que j’ai de gentil ?

— Vous ne le savez pas ?

— On ne m’a jamais dit…

— Eh bien, ceci, et ceci encore ! et cela, ceci, tout vous !

Elle se remit à rire, puis pensivement :

— Mais les autres jeunes filles sont mieux que moi.

— Vous vous trompez bien.

— Malheureusement non. J’ai une cousine qui vient déjeuner ici tous les dimanches et, quand elle ôte sa robe dans ma chambre pour aller à table, j’ai envie de la battre tant elle est plus belle que moi. C’est vilain, ce sentiment-là, n’est-ce pas ?