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préfète lui faisait largesse chaque année à l’occasion des étrennes. C’était déjà quelque chose ; et bien qu’on ne parle peut-être pas toujours au prince de Galles la langue de S. A. la princesse Maleine, celle de Blanche Triboulet ou celle d’Hérodiade, on n’est pas complètement ignorant du trône quand on a de la littérature, pensait Nicole.

Et elle le prouva.


Saisissant dans un vase de porcelaine peinte une rose en papier doré, elle approcha du Roi, le baisa au front, étendit la main droite et récita de sa voix la plus sage :

— Ô Roi ! sors de tes songes : éveille-toi ! Regarde !

— Hun ! éternua Pausole. Qu’est-ce que c’est ? Que me veut-on ?

— Je suis venue, ânonna la petite, je suis venue, moi l’Inconnue, moi l’Ingénue, la Biscornue, menue et nue, je suis venue !

— Mon enfant, dit Pausole, encore mal éveillé, on ne fait jamais rimer deux adjectifs ensemble et encore moins quatre ou cinq. À part cela, c’est fort joli ce que tu me racontes. Mais qui es-tu ?

Elle se troubla légèrement, puis reprit un peu plus vite :