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sombres petites chevilles marquaient seules la place des seins. Ses cheveux bruns, bouclés et courts, se fendaient d’une raie à droite et se gonflaient en mèche sur le front.

Ce genre de beauté n’est pas exactement celui qui inspire le lyrisme des poètes hindous ; mais Mirabelle, qui lisait peu les stances de Bhartrihari, se trouvait assez volontiers singulière et même « piquante », selon le style des compliments qu’elle recevait passé minuit. Elle ne fut donc pas offusquée d’entendre sa nouvelle amie déclarer après beaucoup d’autres, qu’elle ressemblait à un garçon. Ramenée par cette petite phrase dans l’ordre de ses habitudes, elle vint lestement s’asseoir sur les genoux de la blanche Aline.

Celle-ci n’avait pas quitté sa robe verte. Mirabelle voulut la défaire elle-même, et ce lent déshabillage fut entrecoupé de tendresses que Line trouva du dernier galant, sans pourtant oser les rendre.

Très gaie, elle jeta ses deux bras en l’air comme une autre eût jeté son bonnet par-dessus des ailes de moulin, s’accroupit à la tailleur dans l’eau flottante et claire du tub et frissonna de plaisir, les reins en mouvement.

Mais brusquement, reprise d’un doute et s’ap-