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luxures (comme s’expriment nos écrivains), Mirabelle, en bonne Française et lectrice de romans-feuilletons, ne s’en doutait pas encore, à l’aube de ses dix-huit ans. Pour elle, le geste de la femme était uniformément la mimique à double entente de la Statue Pudique ou Indicatrice : qui ne masquait pas, désignait ; qui ne se défendait pas, voulait provoquer.

En écoutant la blanche Aline et en voyant ses yeux si purs, Mirabelle se dit simplement :

— Ce sont les mœurs de Tryphême : mais quel singulier pays !


La première, elle retira ses vêtements avec des gestes, qui, tour à tour, hésitaient ou se pressaient devant les boutons. Elle n’osa pas une fois sourire, et même, surprise de son trouble, elle ne sut que faire de ses bras lorsqu’elle n’eut plus rien à enlever.

Debout, nerveuse, les deux mains sous la nuque, une jambe frémissante et le corps souple, elle se mordait la lèvre, elle pliait son cou mobile et changeait constamment de regard.

Cependant, assise devant elle et le menton sur les doigts, Line achevait de se renseigner avec un prodigieux intérêt.