Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pourquoi ?

— Donne-moi une jupe et un fichu, un foulard de chignon pour couvrir mes cheveux courts et le chapeau de paille à larges bords que tu mets pour aller aux champs. Donne-moi encore deux seaux de lait à la main et laisse-moi sortir ainsi. J’attendrai au dehors qu’on ait fait des recherches dans toute la ferme et que le Roi soit parti sans moi ; puis je reviendrai où tu voudras et nous ne nous quitterons plus de la nuit.

— C’est vrai, dit Thierrette. Nous ne pouvons pas nous voir ici. Dans la journée l’étage est vide et aujourd’hui je n’ai rien à faire puisque le Roi est à la métairie ; ce soir, si l’on vous trouvait là !

Elle se leva.

— Habillez-vous ! Vite ! Le soleil est déjà couché.

Elle l’aida, lui passa la jupe, serra des manches de toile fine sur celles du pourpoint bleu, noua le fichu, le gonfla par devant, enroula le foulard de soie au sommet de la tête, fixa le grand chapeau de moissonneuse et dit :

— Allez, maintenant ! les seaux à lait sont dans la première chambre au rez-de-chaussée. Prenez-en deux. Il fait presque nuit. Je suis sûre que