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mais nécessaire de constater qu’une dame et son cavalier, à l’instant où ils se composent, forment un couple hétéroclite, ou, pour mieux dire, dépareillé.

Ces considérations, soutenues par l’entrain d’un penchant naturel, avaient amené la petite danseuse à blottir ses voluptés dans un cercle d’amies intimes. Prudente, elle avait commencé par ses jeunes camarades, d’abord de l’école primaire et puis du corps de ballet. On lui répondait toujours oui, de la voix, du geste ou du regard, selon les pudeurs particulières. Certaines acceptaient sans dessein de cultiver là une passion d’âme, mais aucune ne savait résister à l’attrait d’une expérience inoffensive et clandestine.

Six mois après ses débuts de travesti, sa réputation était grande, et aussi celle de son théâtre. Elle invitait. Même elle avait un « jour » où elle réunissait chez elle, dans une intimité très nue, dix ou douze de ses familières qui jugeaient inutile de se dissimuler leurs goûts partagés. Et cela devint assez scandaleux pour tenter les femmes honnêtes.

Celles-ci se déclarèrent elles-mêmes, par émissaire, par lettre ou par abordage. Elles offraient d’estimables, de solides cadeaux, et demandaient seulement deux promesses : la volupté, qu’elles ap-