Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

routes sont sûres, Tryphême est en paix, le Roi est aimé de son peuple ; vous n’aurez jamais à plonger vos piques, depuis l’omoplate jusqu’à l’épigastre, dans le large dos d’un barbare. C’est clair. Or, en art, il faut que tout ait sa destination. Ce qui ne sert à rien est idiot. Vous allez donc engager le fer par la fente de cette muraille et peser jusqu’à ce que le bois en soit rompu dans la douille. Exécutez le mouvement.

— Sire ! Mais Sire… supplia Taxis.

— Laissez, dit Pausole. Cela est fort bien conçu.

Les quarante gardes brisèrent tout ce qu’on voulut.

— Gardez les hampes dit Giglio. Et maintenant suivez-moi.

Ils entrèrent aux Jardins des Fleurs.

Le page parcourut les allées, inspecta les massifs, pénétra dans les serres. Il se fit présenter par les botanistes les fleurs à longue tige, iris, anthuriums, lis à bandes, lis tigrés, lis de Pomponne, et finit par s’arrêter devant des tulipes gigantesques.

— Voilà ce qu’il nous faut, dit-il. Que chacun de vous attache avec des joncs une de ces tulipes au sommet de la hampe et la porte par les chemins avec le même respect que si c’était le drapeau.