Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous m’avez appelée ; me voici, fit Mirabelle tendrement.

Line ouvrait des yeux énormes. Elle regardait son Prince des pieds à la face, mais surtout dans les prunelles.

Il était nu-tête, les cheveux foncés et coupés courts et flottants autour des oreilles. Son regard était profond et fixe avec une expression très douce qui, n’allait pas jusqu’au sourire. Elle vit le cher visage se pencher vers le sien, et, comme elle fermait les yeux, deux lèvres chaudes s’y posèrent.

L’ombre noire des nymphes enlacées cachait les jeunes filles debout. Line tremblait. Les deux lèvres avec lenteur traînèrent leur caresse autour de sa joue et ne s’arrêtèrent que sur sa bouche.

— Ah !… fit-elle enfin.

Mirabelle se sépara. Cette fois un sourire léger mais toujours tendre effilait ses yeux margés de noir…

Elle leva les sourcils et regarda autour d’elle.

— Non. Nous sommes seules, répondit Line. Restez.

Puis, se reprenant.

— Venez avec moi.


À quelques pas derrière la source, il y avait un