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CHAPITRE III



COMMENT LE MIROIR DES NYMPHES DEVINT
CELUI DES JEUNES FILLES.



Salvete seternum, miserae moderamina flammae
Humida de gelidis basia nata rosis.
Joannes Secundus


La source et le grand amandier étaient situés dans le canton le plus reculé du parc. Seule, la blanche Aline aimait assez les longues, promenades pour aller quelquefois visiter le silence de ce refuge perdu.

L’eau, d’une gueule de satyre aux oreilles foliesques, tombait dans une cuve naturelle de terre rouge et d’herbes vertes où s’enracinaient des lauriers roses en touffes compactes. Ce n’était point la vasque moisie et lépreuse de nos jardins où la source inutile vient inonder une terre déjà molle de pluie. C’était une naissance de fleurs dans le sol pourpré du Midi, une fontaine de sève, une urne génitrice d’où la vie ruisselait en verdures mou-