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Je me suis baignée seule dans la rivière de la forêt. Sans doute je faisais peur aux naïades car je les devinais à peine et de très loin, sous l’eau obscure.

Je les ai appelées. Pour leur ressembler tout à fait, j’ai tressé derrière ma nuque des iris noirs comme mes cheveux, avec des grappes de giroflées jaunes.

D’une longue herbe flottante, je me suis fait une ceinture verte, et pour la voir je pressais mes seins en penchant un peu la tête.

Et j’appelais : « Naïades ! naïades ! jouez avec moi, soyez bonnes. » Mais les naïades sont transparentes, et peut-être, sans le savoir, j’ai caressé leurs bras légers.