Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

celles de Chypre un temple riche en courtisanes avaient à l’égard de ces femmes les mêmes soins respectueux.

L’incomparable histoire de Phryné, telle qu’Athénée nous l’a transmise, donnera quelque idée d’une telle vénération. Il n’est pas vrai qu’Hypéride eut besoin de la mettre nue pour fléchir l’Aréopage, et pourtant le crime était grand : elle avait assassiné. L’orateur ne déchira que le haut de sa tunique et révéla seulement les seins. Et il supplia les juges « de ne pas mettre à mort la prêtresse et l’inspirée d’Aphroditê ». Au contraire des autres courtisanes qui sortaient vêtues de cyclas transparentes à travers lesquelles paraissaient tous les détails de leur corps, Phryné avait coutume de s’envelopper même les cheveux dans un de ces grands vêtements plissés dont les figurines de Tanagre nous ont conservé la grâce. Nul, s’il n’était de ses amis, n’avait