Page:Louÿs - Le Crépuscule des nymphes, 1925.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

j’étais jalouse de ma sœur, parce que je ne pouvais pas te partager avec ma sœur, ni t’aimer devant elle. Si je ne m’étais pas enfuie, tu m’aurais prise en passant et tu m’aurais déjà quittée. Après toi je me serais prêtée à un autre, et à un autre, et ainsi jusqu’à mon mariage. Sais-tu que ma sœur a déjà connu plus d’étrangers que je ne te dirais en ouvrant sept fois mes deux mains ? Et moi aussi, j’aurais fait cela ? O je sens si bien que toute ma vie j’appartiendrai au même homme, au premier qui m’aura saisie. Et c’est toi celui-là ! Emmène-moi, garde-moi toujours ! Je veux être ta femme et te suivre ».

Biôn très ennuyé, répondit :

« Ma chère petite, tu raisonnes comme une enfant. Tu dis toi-même que tu n’as jamais aimé personne et j’en suis