Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

André courut à sa poursuite, anxieux de ne pas laisser échapper cette seconde occasion qui pouvait être la dernière ; il arriva juste au moment où les chevaux entraient au pas dans l’ombre d’une maison rose de la plaza del Triunfo.

Les grandes grilles noires s’ouvrirent et se refermèrent, sur une rapide silhouette féminine.

Sans doute il eût été plus avisé de préparer ses voies, de prendre des renseignements, de demander le nom, la famille, la situation et le genre de vie avant de se lancer ainsi, tête basse, dans l’inconnu d’une intrigue, où, puisqu’il ne savait rien, il n’était le maître de rien. André, cependant, ne put se résoudre à quitter la place avant d’avoir fait un premier effort, et dès qu’il eut vérifié d’une main rapide la correction de sa coiffure et la hauteur de sa cravate, il sonna délibérément.

Un jeune maître d’hôtel se présenta derrière la grille, mais n’ouvrit pas.

« Que demande Votre Grâce ?

— Faites passer ma carte à la señora.