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Mes deux bras tremblaient si fort que je secouais les barres de la grille où s’étaient crispés mes poings.

Il était là. Je le vis descendre.

Elle jeta son châle en arrière et ouvrit ses deux bras nus.

« Le voilà, mon amant ! Regarde comme il est joli ! Et comme il est jeune, Mateo ! Regarde-moi bien : je l’adore !… Mon petit cœur, donne-moi ta bouche !… Encore une fois… Encore une fois… Plus longtemps… Qu’elle est douce, ma vie !… Oh ! que je me sens amoureuse !… »

Elle lui disait encore beaucoup d’autres choses…

Enfin… comme si elle jugeait que ma torture n’était pas au comble… elle… j’ose à peine vous le dire, Monsieur… elle s’est unie à lui… là… sous mes yeux… à mes pieds…

J’ai encore dans les oreilles, comme un bourdonnement d’agonie, les râles de joie qui firent trembler sa bouche pendant que la mienne étouffait, — et aussi l’accent de sa