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deviné que cette fois encore je fus ridicule et joué. Je vous ai dit que cette fille était la pire des femmes et que ses inventions cruelles dépassaient toutes les bornes ; mais jusqu’ici vous ne la connaissez pas encore. C’est maintenant seulement qu’en suivant mon récit vous allez, de scène en scène, savoir qui est Concha Perez.

Ainsi, elle était venue chez moi, pour s’abandonner, disait-elle. Ses paroles d’amour et ses engagements, vous les avez entendus. Jusqu’au dernier moment, elle se tint en amoureuse vierge qui va connaître la joie, presque en jeune mariée qui se livre à un époux ; jeune mariée sans ignorances, je le veux bien, mais pourtant émue et grave.

Eh bien, en s’habillant chez elle, cette petite misérable s’était accoutrée d’un caleçon, taillé dans une sorte de toile à voile si raide et si forte, qu’une corne de taureau ne l’aurait pas fendue, et qui se serrait à la ceinture ainsi qu’au milieu des cuisses par des lacets d’une résistance et d’une complication inattaquables. Et