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— Que je n’étais pas moins pardonnable de savoir ouvrir mes fesses, prêter, ma langue ou ma bouche ; que l’on me soupçonnait d’être gousse, mais que vous me trouviez, Sire, assez tendre putain pour devenir fille d’honneur…

— De mes filles.

— Dès le lendemain, j’ai pu vous dire que toutes les douze étaient pucelles…

— Mais que tu n’avais rien à leur apprendre.

— Les filles du Roi savent tout sans avoir rien appris.

— Et pourquoi le Roi qui a tant appris ne sait-il pas tout ?

— Pour que j’aie le plaisir de lui dire le reste. »

Après un instant de silence, le Roi lui fit signe d’approcher et de parler à l’oreille ; ce qu’elle fit, toujours, agenouillée, dans ses bras.

« Elles sont à point. Laquelle voulez-vous pour cette nuit ?

— Comment devines-tu que je n’en veux qu’une ?

— Cœur d’amoureuse devine tout ce qu’on ne lui dit pas.

— Même celle des douze que je vais nommer ?

— Oui ; et que votre choix m’est assez connu pour que j’ose vous le souffler tout bas.

— Si c’était toi ?

— Non, Sire, vous êtes trop bon et plus que je ne suis sotte. Puis-je tenter de lire dans vos yeux celle que vous choisiriez vous-même ? »

Les douze princesses portaient de simples noms : Prima, 18 ans ; Secunda, 17 ; Tertia, 16 ; Quarta et Quinta, jumelles, 15 ; Sexta, 14 ; Septima, 13 ; Octava, 12 ; Nona, 11 ; Decima, 10 ; Puella, 9 ; Parvula, 7 1/2.

— Pas si tôt, répondit le Roi. Quelle est la pire des douze ?