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Quand les deux bouches se retrouvèrent, Prima était pâle et Quarta très rouge.

« Que tu as saigné ! Que j’ai dû te faire mal !

— Jamais je ne, t’ai plus aimée. »

Prima eut un élan :

« Ma Quarta ! mon seul amour ! demande-moi tout ce que tu voudras : je te le ferai.

— Quelque chose d’extraordinaire ? Que nous ne faisons pas ensemble ?

— Oui.

— Tu acceptes d’avance ?

— Oui.

— Eh bien, fit la jeune fille avec un rire tendre, je porte une main hardie au con de Votre Altesse et je la branle.

— Ce n’est pas sérieux !

— Branle-moi aussi… Pour jouir bouche à bouche… Je suis trop endolorie pour me frotter… Croisons nos mains comme deux gosses… Mais écoute d’abord : je t’ai avoué que je me branlais pour toi. Est-ce que toi jamais…

— Peux-tu ! Et ces yeux d’enfant, ces yeux inquiets qui attendent ma réponse ! Tout bas, dis-moi toi-même ce que tu sais.

— Oui, tout bas. Je sais… que tu es comme nous toutes… Plus on t’a fait jouir, plus il faut que tu te branles toute seule avant de dormir. Et… et je n’étais pas sûre, mais je lis dans tes yeux que tu le faisais pour moi.

— Pour qui donc pouvais-tu rêver que je le faisais ?

— Tu es si belle que je pensais : Prima doit se branler pour elle-même.