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et je sais que tu n’en étais pas. Crois-tu que je me cache ? Ah ! pour quoi faire ! Toutes les femmes m’ont vue au bain. Tous les hommes m’ont vue au lit. Toi seul, tu ne me verras jamais. Je te refuse, je te refuse ! De ce que je suis, de ce que je sens, de ma beauté, de mon amour, tu ne sauras jamais, jamais rien ! tu es un homme abominable, fat, cruel, insensible et lâche ! Je ne sais pas pourquoi l’une de nous n’a pas eu assez de haine pour vous tuer tous deux l’un sur l’autre, toi le premier, et ta reine ensuite. »


Démétrios lui prit tranquillement les deux bras et, sans répondre un mot, la courba en arrière avec violence.


Elle eut un moment d’angoisse ; mais soudain serra les genoux, serra les coudes, recula du dos et dit à voix basse :

« Ah ! je ne crains pas cela, Démétrios ! Tu ne me prendras jamais de force, fussé-je faible comme une vierge amoureuse, et toi vigoureux comme un Atlante. Tu ne veux pas seulement ta jouissance, tu veux la mienne surtout. Tu veux me voir aussi, me voir tout en-