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métrios s’y abandonna. Quand la nécessité de partir pour le palais lui déplaisait plus que de coutume, il s’en venait à la nuit vers le jardin des courtisanes sacrées qui entourait de toutes parts le temple.

Les femmes qui étaient là ne le connaissaient point. D’ailleurs, tant d’amours superflues les avait lassées qu’elles n’avaient plus ni cris ni larmes, et la satisfaction qu’il cherchait n’était pas troublée, là du moins, par les plaintes de chatte en folie qui l’énervaient près de la reine.

La conversation qu’il tenait avec ces belles personnes calmes était sans recherche et paresseuse. Les visiteurs de la journée, le temps qu’il ferait le lendemain, la douceur de l’herbe et de la nuit en étaient les sujets charmants. Elles ne le priaient pas d’exposer ses théories en statuaire et ne donnaient pas leur avis sur l’Achilleus de Scopas. S’il leur arrivait de remercier l’amant qui les choisissait, de le trouver bien pris et de le lui dire, il avait le droit de ne pas croire à leur désintéressement.

Sorti de leurs bras religieux, il montait les degrés du temple et s’extasiait devant la statue.