Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cesse de Syrie qui descendait de tous les dieux, par Astarté que les Grecs appellent Aphrodite. Démétrios savait cela, et qu’elle était orgueilleuse de sa lignée olympienne. Aussi, ne se troubla-t-il pas quand la souveraine lui dit sans bouger : « Je suis l’Astarté. Prends un marbre et ton ciseau, et montre-moi aux hommes d’Égypte. Je veux qu’on adore mon image. »

Démétrios la regarda, et devinant, à n’en pas douter, quelle sensualité simple et neuve animait ce corps de jeune fille, il dit : « Je l’adore le premier, » et il l’entoura de ses bras. La reine ne se fâcha pas de cette brusquerie, mais demanda en reculant : « Te crois-tu l’Adônis pour toucher la déesse ? » Il répondit : « Oui. » Elle le regarda, sourit un peu et conclut : « Tu as raison. »


Ceci fut cause qu’il devint insupportable et que ses meilleurs amis se détachèrent de lui ; mais il affola tous les cœurs de femme.

Quand il passait dans une salle du palais, les esclaves s’arrêtaient, les femmes de la cour ne parlaient plus, les étrangères l’écoutaient aussi, car le son de sa voix était un ravisse-