Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

t-il écoutée ? Pourquoi me suis-je laissé prendre, à mon tour ? Pourquoi faut-il que, même maintenant, je ne regrette rien !

« Ne pas aimer ou ne pas vivre : voilà quel choix Dieu m’a donné. Qu’ai-je donc fait pour être punie ? »

Et il lui revint à la mémoire des fragments de versets sacrés qu’elle avait entendu citer dans son enfance. Depuis sept ans, elle n’y pensait plus. Mais ils revenaient, l’un après l’autre, avec une précision implacable, s’appliquer à sa vie et lui prédire sa peine.

Elle murmura :

« Il est écrit :

Je me souviens de ton amour lorsque tu étais jeune…
Tu as dès longtemps brisé ton joug,
Rompu tes liens,
Et tu as dit : je ne veux plus être esclave ;
Mais sous toute colline élevée
Et sous tout arbre vert
Tu t’es courbée, comme une prostituée[1].

» Il est écrit :

J’irai après mes amants
Qui me donnent mon pain et mon eau

  1. Jérémie, II, 20.