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ques pas elles s’arrêtèrent avec un sourire de pitié.

Théano, dans le vertige de l’ivresse la plus ingénue, tirait avec obstination une rose presque défleurie dont les épines s’accrochaient à ses cheveux. Sa tunique jaune était souillée de rouge et de blanc comme si toute l’orgie avait passé sur elle. L’agrafe de bronze qui retenait sur l’épaule gauche les plis convergents de l’étoffe pendait plus bas que la ceinture et découvrait la boule mouvante d’un jeune sein déjà trop mûr, qui gardait deux stigmates de pourpre.

Dès qu’elle aperçut Myrtocleia, elle partit brusquement de cet éclat de rire singulier que tout le monde connaissait à Alexandrie et qui l’avait fait surnommer la Poule. C’était un interminable gloussement de pondeuse, une cascade de gaieté qui redescendait à l’essouffler, puis reprenait par un cri suraigu, et ainsi de suite, d’une façon rhythmée, dans une joie de volaille triomphante.

« Un œuf ! un œuf ! » dit Philotis.

Mais Myrtocleia fit un geste :

« Viens, Théano. Il faut te coucher. Tu n’es pas bien. Viens avec moi.