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le désir ou énervée par l’épuisement : la transition l’effraie comme une souffrance. Dès que son amant l’y invite, elle l’écarte de ses bras tendus ; ses genoux se serrent, ses lèvres deviennent suppliantes. Démétrios l’y contraint par la force.


… Aucun spectacle de la nature, ni les flammes occidentales, ni la tempête dans les palmiers, ni la foudre, ni le mirage, ni les grands soulèvements des eaux ne semblent dignes d’étonnement à ceux qui ont vu dans leurs bras la transfiguration de la femme. Chrysis devient prodigieuse. Tour à tour cambrée ou retombante, un coude relevé sur les coussins, elle saisit le coin d’un oreiller, s’y cramponne comme une moribonde et suffoque, la tête en arrière. Ses yeux éclairés de reconnaissance fixent dans le coin des paupières le vertige de leur regard. Ses joues sont resplendissantes. La courbe de sa chevelure est d’un mouvement qui déconcerte. Deux lignes musculaires admirables, descendant de l’oreille et de l’épaule, viennent s’unir sous le sein droit qu’elles portent comme un fruit.

Démétrios contemple avec une sorte de