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Ô ma sœur, mon aimée,
Je cueille ma myrrhe et mes aromates,
Je mange mon miel avec son rayon.
Je bois mon vin avec ma crème.
— Mets-moi comme un sceau sur ton cœur,
Comme un sceau sur ton bras,
Car l’Amour est fort comme la Mort. »


Sans remuer les pieds, sans fléchir ses genoux serrés, elle fait tourner lentement son torse sur ses hanches immobiles. Son visage et ses deux seins, au-dessus du fourreau de ses jambes, semblent trois grandes fleurs presque roses dans un porte-bouquet d’étoffe.

Elle danse gravement, des épaules et de la tête et de ses beaux bras mélangés. Elle semble souffrir dans sa gaîne et révéler toujours davantage la blancheur de son corps à demi délivré. Sa respiration gonfle sa poitrine. Sa bouche ne peut plus se fermer. Ses paupières ne peuvent plus s’ouvrir. Un feu grandissant fait rougir ses joues.

Parfois ses dix doigts croisés s’unissent devant son visage. Parfois elle lève les bras. Elle s’étire délicieusement. Un long sillon fugitif sépare ses épaules haussées. Enfin, d’un seul tour de chevelure enveloppant sa face hale-