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Une femme est dans l’île. Elle se tient debout devant la porte de l’unique maison, les yeux à demi-fermés et le visage penché sur la fleur d’un iris monstrueux qui croît à la hauteur de ses lèvres. Elle a les cheveux profonds, de la couleur de l’or mat, et d’une longueur qu’on peut supposer merveilleuse, à la masse du chignon gonflé qui charge sa nuque languissante. Une tunique noire couvre cette femme, et une robe plus noire encore se drape sur la tunique, et l’iris qu’elle respire en abaissant les paupières a la même teinte que la nuit.

Sur cet appareil de deuil, Démétrios ne voit que les cheveux, comme un vase d’or sur une colonne d’ébène. Il reconnaît Chrysis.

Le souvenir et du miroir et du collier revient à lui vaguement ; mais il n’y croit pas, et dans ce rêve singulier la réalité seule lui semble rêverie…

« Viens, dit Chrysis. Entre sur mes pas. »

Il la suit. Elle monte avec lenteur un escalier couvert de peaux blanches. Son bras se pend à la rampe. Ses talons nus flottent sous sa jupe.