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maisons rapprochées, s’étendait un ruban de ciel pâle, envahi par le clair de lune.


Enfin ils rentrèrent dans la vie. À un tournant de rue, subitement, huit, dix, onze lumières apparurent, portes éclairées où se tenaient accroupies de jeunes femmes Nabatéennes, entre deux lampes rouges qui éclairaient d’en bas leurs têtes chaperonnées d’or.

Dans le lointain, ils entendaient grandir un murmure d’abord, puis un retentissement de chariots, de ballots jetés, de pas d’ânes et de voix humaines. C’était la place de Rhacotis, où se concentraient, pendant le sommeil d’Alexandrie, toutes les provisions amassées pour la nourriture de neuf cent mille bouches en un jour.

Ils longèrent les maisons de la place, entre des monceaux verts, légumes, racines de lôtos, fèves luisantes, paniers d’olives. Chrysis, dans un tas violet, prit une poignée de mûres et les mangea sans s’arrêter. Enfin ils arrivèrent devant une porte basse et les matelots descendirent avec Celle pour qui on avait volé les Vraies Perles de l’Anadyomène.

Une salle immense était là. Cinq cents